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editions 1018 - Page 9

  • Un intérêt particulier pour les morts de Ann Granger

    Un intérêt particulier pour les morts

    de

    Ann Granger

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    "Telle une vieille dame desserrant son corset, la locomotive émit un long soupir, puis elle enveloppa tout et tout le monde dans un linceul de vapeur et de fumée. La nuée tourbillonna autour du quai et monta jusqu'au plafond de la gare où elle resta piégée. L'odeur de souffre me ramena à mon enfance, dans la cuisine de Mary Newling un matin où j'étais chargée d'écaler des oeufs durs"

    Elizabeth Martin, une jeune femme de 29 ans, vient d'accepter un emploi de dame de compagnie auprès de la veuve de son parrain, une certaine Mrs Parry. C'est ainsi qu'elle arrive à King's Cross en 1864. Un fiacre doit l'emmener dans les quartiers chics de la capitale, à Dorset Square où se trouve sa future demeure. Sur le trajet, elle longe le chantier immense de la future gare de Saint-Pancras et croise un tombereau.

    Quelques jours après, elle apprend que ce convoi renfermait le corps de l'ancienne dame de compagnie de Mrs Parry. Elle aurait été retrouvée étranglée sur le chantier alors que tout le monde la croyait en fuite avec son amant.

    L'enquête débute...Et va permettre à notre jeune héroïne de prouver toute son intelligence. Mais surtout de croiser un ancien ami d'enfance, l'inspecteur Benjamin Ross...

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    Cela faisait quelque temps que j'avais remarqué sur le site des éditions 10/18 cette magnifique couverture. Après quelques recherches, je m'étais rendue compte qu'il s'agissait du premier volume d'une série imaginée par l'auteure britannique Ann Granger et située dans le Londres de l'époque victorienne. Aussi, j'ai guetté avec impatience sa sortie le 20 juin et je n'ai pas tardé à me plonger dedans.

    Elizabeth Martin se révèle une héroïne attachante. Elle a grandi auprès de son père, un généreux médecin de province qui se battait pour améliorer les conditions de vie des mineurs et faire appliquer la loi sur l'interdiction du travail dans les mines pour les enfants de moins de 10 ans. De même, il n'hésitait pas à oublier les honoraires dûs par ses patients les plus pauvres ou financer les études de certains jeunes prometteurs. Sa mort soudaine a laissé sa fille démunie.

    Agée de 29 ans et considérée comme une vieille fille pour l'époque, Elizabeth a donc dû chercher un emploi et s'est retrouvée employée par la veuve de son parrain.

    C'est par ses yeux de "provinciale" que nous découvrons la capitale anglaise en 1864.

    "Je dois admettre que j'étais curieuse d'avoir un premier aperçu de Londres. Je buvais du regard tout ce que je voyais [...] Le bruit était assourdissant et une foule impressionnante de véhicules se pressaient autour de nous, dans tous les sens, les conducteurs essayant de se convaincre les uns les autres de faire place à grands cris. [...] Les piétons s'élançaient au péril de leur vie entre les roues impitoyables qui, dans le meilleur des cas, les éclaboussaient de boue, et dans le pire, risquaient de les broyer. [...] Aux piétons se mêlaient des vendeurs ambulants qui proposaient toutes sortes d'articles, depuis la feuille de chou à un penny jusqu'aux rubans et aux allumettes."

    De grands chantiers sont en cours, à l'instar de celui de la future gare de St-Pancras. Une construction qui a nécessité toute une vague d'expropriations. De nombreux propriétaires ont ainsi pu s'enrichir. C'est le cas de Mrs Parry, la nouvelle employeuse de Lizzie.

    Sous ces dehors de femme du monde coquette qui raffole des plaisirs de la table, des parties de whist et reste couchée tous les jours jusqu'à midi, se dissimule une femme d'affaires avisée. Mais ses qualités entrepreneuriales ne doivent pas être perçues par son entourage masculin.

    Car, comme le rappelle Ann Granger tout au long de son roman, les représentantes du sexe féminin doivent avant tout rester chez elles et tenter de se trouver un mari ou un emploi digne.

    C'est pour cette raison que la mort brutale de Madeleine Hexham, l'ancienne dame de compagnie, est vue comme une sorte de punition pour avoir dérogé à ce destin conventionnel.

    Et c'est pour cette raison que le caractère impétueux ainsi que la grande culture de Lizzie ont du mal à être apprécié à leur juste valeur.

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    Dorset Square

    Ce roman policier nous invite également à une visite de Londres. Un Londres en pleine mutation que nous appréhendons par les yeux de la néophyte Lizzie et par ceux de l'inspecteur Ben Ross. Les deux points de vue de ces protagonistes nous permettent de découvrir les différents quartiers de la capitale. On passe ainsi de Dorset Square au chantier de St Pancras dans Agar Town, d'Oxford Street aux bords de la Tamise...Et on peut se faire une idée de la grande misère de certains endroits...

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    Le chantier de construction de St Pancras

    Ces tableaux de la condition féminine et de la vie londonienne m'ont vivement intéressée. En revanche, j'ai moins accroché à l'enquête policière. J'ai trouvé qu'elle se diluait derrière les descriptions et qu'elle peinait à se relancer malgré les nombreux rebondissements.

    Néanmoins, j'avais plaisir à suivre les parties narratives de Benjamin Ross, l'inspecteur chargé de l'affaire. En effet, j'ai beaucoup aimé ce protagoniste. Il vient de la même ville que Lizzie et a bénéficié de la générosité du docteur Martin. Il a pu faire des études et grâce à ses efforts, s'est élevé tout seul dans la hiérarchie policière. Il illustre ainsi parfaitement le destin de cette nouvelle génération masculine, issue de milieux très modestes et qui tente de changer leur condition.

    En outre, j'ai trouvé que les interactions entre les deux "amis" d'enfance étaient bien menées.

    La galerie des personnages secondaires m'a semblé également bien campée. A la veulerie et l'hypocrisie de certains maîtres tels que Mrs Parris ou le Dr Tibbet répondent la générosité de certains domestiques. Mais on ne sombre pas dans une vision manichéenne pour autant car d'autres protagonistes sont imaginés avec des caractères plus nuancés.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai passé un moment plaisant en compagnie de Lizzie et Ben. Je pense que je continuerai cette nouvelle série policière bien écrite mais qui ne constitue pas une révélation comme a pu l'être celle des Monk ou même des Pitt d'Anne Perry.

    Lu dans le cadre du challenge Au service de.., God save the livre 2013, Victorien, polar historique et La plume au féminin.

    Lu dans le cadre du Mois anglais.

     

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  • La Septième aventure de Monk

    Scandale et calomnie

    de

    Anne Perry

    scandale.jpg

    "Assis dans son cabinet de Vere Street, sir Oliver Rathbone contemplait la pièce avec une insigne satisfaction. Il était au sommet de sa carrière. C'était sans conteste l'un des avocats les plus respectés d'Angleterre; le Premier ministre l'avait récemment recommandé à Sa Majesté qui avait jugé bon de l'anoblir en reconnaissance des services rendus à la justice"

    Alors qu'il est en train de finaliser un procès, Oliver Rathbone reçoit la visite de la comtesse Zorah Rostova. Elle vient d'accuser publiquement la princesse Gisela d'avoir assassiné son époux, Friedrich, héritier déchu d'un petit Etat allemand. Or, pour l'instant, tout portait à penser que le prince était décédé des suites d'un accident de cheval...

    Poursuivie pour diffamation, la comtesse Zorah souhaite qu'Oliver assure sa défense. Et, malgré le danger qui entoure cette affaire, l'avocat accepte.

    Néanmoins, bien vite, devant les réactions de son entourage, il commence à douter..Et si Zorah se trompait? Et si finalement, elle se retrouvait accusée de meurtre?

    L'étau commence à se resserrer...

     

    anne perry.jpg

    Voici la septième aventure de Monk que je parcours depuis mon inscription au très beau challenge de Syl autour d'Anne Perry.

    C'est toujours un plaisir de retrouver le détective entouré d'Hester et d'Oliver. Cette fois-ci, le roman s'ouvre avec le personnage de l'avocat. Il vient d'être anobli par la reine et enchaîne les succès judiciaires.

    Aussi, c'est avec surprise qu'on le voit accepter le cas proposé par la comtesse Zorah Rostova. Certes, il est fasciné par cette femme et ce qu'elle dégage. Mais, en même temps, il se rend compte du danger qui entoure l'affaire. Néanmoins, sa volonté de "voir chaque partie représentée par le meilleur avocat possible" l'emporte.

    Bien vite, il réalise son erreur. Le mariage du prince Friedrich et de Gisela avait tout du conte de fées. Par amour pour elle, il avait renoncé au trône et depuis 15 ans, on les voyait ensemble partout...Toujours aussi épris l'un de l'autre...Cette histoire sentimentale m'a d'ailleurs tout de suite fait penser à celle du prince Edouard et de Wallis Simpson...

    Les accusations de Zorah sont très mal perçues par le public. De plus, Rathbone peine à rassembler des preuves. Tout naturellement, il fait donc appel à Monk.

    Ce dernier commence à mener l'enquête. Il se fait passer pour un ami du baron Stephan von Emden et intègre ainsi les cercles de la haute société. Ses investigations l'entraînent ainsi de la propriété des Wellborough, lieu du drame au fameux petit Etat en passant par Venise.

    L'occasion pour nous lecteurs de voyager dans l'Europe des années 1850, juste après le mouvement révolutionnaire de 1848.

    J'ai beaucoup aimé le passage sur Venise. Une très belle évocation du décalage entre la vie de la bonne société faite de bals, de parties de plaisir..et la situation des Vénitiens confrontés à l'occupation autrichienne.

    En revanche, j'ai été étonnée par l'importance de l'histoire dans ce tome. Certes, Anne Perry aime toujours  nous reparler des grands événements qui ont touché ou touchent l'Angleterre (tels que la Guerre de Crimée). Mais, cette fois-ci, elle s'attarde beaucoup sur la vague des révolutions de 1848 et sur la problématique des Etats indépendants qui vont être rattachés à l'Allemagne. Le prince Friedrich semblerait avoir été victime soit d'un complot par les pro-annexion soit d'une erreur de personne (la princesse Gisela aurait été visée par les indépendantistes).

    Cette partie historique prend parfois trop le pas sur le reste de l'intrigue. J'ai notamment regretté le manque d'interaction entre les protagonistes principaux. Dans cette enquête, on les suit plus chacun en parallèle. Ils ne se réunissent que rarement.

    Néanmoins, leurs relations évoluent...Monk et Rathbone semblent enfin réaliser l'importance d'Hester dans leur existence. Tous les deux sont fascinés par des femmes (Evelyn et Zorah). Mais ils vont se rendre compte qu'elles ne soutiennent pas la comparaison avec l'infirmière. Reste à savoir ce que pense Hester...

    Cette aventure est également l'occasion pour Monk de retrouver une partie de ses souvenirs. Le séjour luxueux à Venise et dans le petit Etat va lui rappeler ses débuts dans la carrière de banquier.

    "Ce luxe lui semblait naturel. Mais autre chose le tracassait. Il avait autrefois gagné des sommes d'argent qui faisaient du luxe une banalité quotidienne. Qu'est-ce qui l'avait poussé à y renoncer pour embrasser la carrière de policier? Sa dette était au coeur de l'affaire mais il avait beau se creuser la tête, il n'arrivait pas à la situer"

    Un peu plus loin, il se souvient enfin de la nature de sa dette: son mentor l'avait sauvé d'un accusation infondée de détournement de fonds. Aussi, quand son mentor avait tout perdu, Monk s'était engagé dans la police pour tenter de faire régner la justice.

    Dans ce tome, on retrouve le personnage de Victoria, la jeune femme victime d'un viol dans Vocation fatale et qui avait subi un avortement aux conséquences désatreuses pour sa vie future (elle ne pouvait plus avoir ni relations intimes ni grossesse). C'est un élément que j'ai apprécié. J'espère pouvoir recroiser ainsi dans les prochains livres d'autres protagonistes et assister à leur évolution.

    Enfin, en ce qui concerne l'intrigue policière, elle trouve sa résolution lors du procès. Un procès fort en rebondissements..Il faudra beaucoup de talent à Rathbone, Monk et Hester pour tenter d'inverser la situation. Je n'en dirai pas plus. Si ce n'est que j'ai apprécié le fait que ce soit Hester qui découvre la clé de l'énigme...

    Bref, vous l'aurez compris: je suis toujours avec autant de plaisir les aventures du détective amnésique. Mais cette enquête ne fera pas partie des mes préférées. Sans doute en raison du peu de scènes entre les protagonistes principaux.

    Vivement le tome 8!

    Billet dans le cadre d'une lecture commune avec Adalana, Shelbylee et Syl et dans le cadre des challenges Anne Perry, God save the livre 2013, La plume au féminin 2013, victorien et polar historique.

    Editions 10/18, collection "Grands détectives", 2001, 414 pages, 8,80 €

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